antwail
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.



 
AccueilAccueil  RechercherRechercher  S'enregistrerS'enregistrer  Connexion  
Le deal à ne pas rater :
Pokémon Évolutions Prismatiques : coffrets et dates de sortie de ...
Voir le deal

 

 blinding lights

Aller en bas 
2 participants
AuteurMessage
Leiv Mørk
kill the boy ; and let the man be born
Leiv Mørk


messages : 15
pseudo : élodie.
face & © : adam driver

statut : fiancé à l'ylva des jours innocents ; les regards s'attardent ailleurs

blinding lights Empty
MessageSujet: blinding lights   blinding lights EmptyJeu 20 Fév - 20:21

“Quiet, yet wild.
Rough, and yet gentle,”



Le lourd tic-tac de l’horloge brisait le silence installé dans la demeure. L’appartement étroit qui donnait sur la place des 12 familles était rarement empli de festivités, et son plancher grinçant n’était foulé que par son maitre taciturne. Les deux étages, modestes mais dont les murs résonnaient d’une fierté pure, se voyaient de temps à autre délaissés par le jeune homme, qui retournait alors sur les terres glaciales de ses ancêtres - loin de lui, pourtant, de préférer les plaines d’exil de sa famille ; la température était beaucoup plus clémente en la capitale. Là divaguaient ses pensées, alors ainsi installé dans le fauteuil club du petit salon au rez-de-chaussée, face au paysage hivernal par-delà les verres : son voyage prochain, famille à retrouver. Les longues phalanges pâles tapotaient l’accoudoir au rythme des songes du sorcier. Cela faisait plusieurs semaines, déjà, qu’il repoussait le retour ; les souvenirs profondément enterrés ne demandaient point à être rappelés. Göteborg avait l’intelligence de se faire neutre, pierre lisse qu’il graverait lui-même. Témoin futur du mariage en devenir. Ylva. L’obligerait-il à le suivre dans le grand nord ? Il espérait qu’elle ne supporterait que mal les glaces boréales, et qu’en elle il puisse trouver une excuse à rester.

L’horloge sonna, le tirant de ses rêveries. Il jeta un œil à l’heure, s’étonnant de la trouver nullement tardive - sur le guéridon à ses côtés, fumait encore le thé. D’un soupir, néanmoins, il se releva, et délaissa l’assise et les pensées maussades qui venaient avec, de même que la boisson chaude.  Il se dirigea, d’un pas sûr, vers la bibliothèque face à lui, et en tira un menu ouvrage, qu’il glissa en sa poche, avant de sortir de la pièce silencieuse, et du logis morne - attrapant au passage sa cape sombre.

Il n’avait eu à traverser que quelques rues avant de parvenir dans le quartier de Völva Havegang, où vivait l’amie et fiancée. Il gravit, à vive allure, les quelques escaliers qui le séparaient du perron, et pénétra dans l’appartement de la sorcière, sans même toquer - sachant déjà la trouver en cuisine, à mijoter ses nouvelles potions, l’air sérieux, la musique agréable fond. Il n’avait plus besoin de toquer, ces formes de politesse dépassées depuis longtemps, et la devineresse toujours alerte de ses venues. Il remonta le long couloir sombre sans se soucier de ne trouver l’ambiance qui, habituellement, marquait la présence d’Ylva en ces lieux. Passant la tête par-delà le panneau de bois, il découvrit une cuisine vide, si ce n’était pour la bouilloire sifflante. Les sourcils froncés, il tourna les talons. « Ylva ? » Alors entendit-il les voix portant depuis le petit salon, plusieurs lui semblait-il, et méconnues pour la plupart. Seul le timbre posé de la jeune femme résonnait en lui telle une mélodie familière, quand bien même se montrait-il toujours inconnu pour elle. Quelques bribes des palabres jetés dans le vide de l’appartement se traduisirent à ses tympans, cacophonie honteuse qui lui arracha une grimace, quand bien même n’arrivait-il à comprendre l’origine de telles atrocités. « Qu’est-ce qui se passe ici… ? » demanda-t-il alors, d’une voix neutre, pénétrant dans le salon - où il fit face à sa belle-sœur, et quelques uns de ses invités, brochures et feutres étalés devant eux. Devant les airs surpris des jeunes étudiants, il abandonna ses interrogations, ne souhaitant se mêler de telles histoires - la dernière fois qu’il le fut, cela se termina bien mal - et avança de quelques pas. « Peu importe, je suis juste venu rapporter un livre à Ylva… » indiqua-t-il, tirant l’ouvrage de sa poche arrière et le brandissant comme drapeau blanc. Il traversa le salon sans un regard pour les jeunes gens, laissant en son esprit arriver les hypothèses justifiées d’une telle rencontre ; peut-être camarades de classes révisaient-ils ensemble l’un de leurs sujets. Mais la fougue avait laquelle Anja s’était-elle exprimée, plaçant en ses mots tant de conviction, lui permit de douter de ses propres pensées.

Il pénétra dans la bibliothèque des sœurs, et reposa le livre sur la table, de façon à ce qu’Ylva note son retour, lorsqu’elle-même le serait. Derrière lui, se referma la porte bleue. « Ta sœur est au courant ? » demanda-t-il à la sorcière qui venait de le rejoindre. Il se tourna, portant vers elle un œil paternel, où une pointe de réprimande se dessinait. Plus grand qu’elle de plusieurs têtes, il la dominait légèrement ; mais l’aura qu’elle dégageait se faisait tigresse redoutable, et il n’était pas des hommes à la sous-estimer. Néanmoins, il secoua la tête, ses mèches d’encre voletant autour de son front. « Ramener des mêlés chez soi…, maugréa-t-il, plus pour lui que pour elle, avant de soupirer, Tu es consciente du danger ? » Réminiscences incendiaires d’un frère hurlant, défiguré par l’orgueil d’autres ; et la punition de la déesse, terrible, pour s’être mêlé…
Revenir en haut Aller en bas
Anja Hjermstad
-- she waits, seething, blooming.
Anja Hjermstad


messages : 12
pseudo : chalamet's bitch.
face & © : florence pugh ; isleys.

statut : le coeur libre.

blinding lights Empty
MessageSujet: Re: blinding lights   blinding lights EmptyJeu 20 Fév - 20:29

Ils étaient là depuis quelques heures à arguer avec fougue des conditions de vie relatives aux mêlés, quand il était entré dans l’appartement – son appartement. Cette façon qu’il avait de débarquer à l’improviste comme s’il était chez lui, l’horripilait. Elle détestait ces familiarités renouvelées et la sensation désagréable qui l’accompagnait, d’être prise en flagrant délit d’une quelconque bêtise. L’impertinence dont il faisait preuve rappelait étrangement les méthodes des forces de l’ordre moldues (comble de l’ironie), amenées à déstabiliser des esprits récalcitrants quant aux normes d’usage. Dans le cas présent, Anja flirtait avec les limites sans toutefois les dépasser. Pas tout à fait du moins, car à y regarder de plus près, elle avait déjà fauté en rejoignant certains groupuscules. Manifestations, tracts, et pamphlets en tout genre de son écriture avaient circulé récemment. Cependant, les preuves à son encontre étaient dérisoires, suffisamment pour qu’elle poursuivit dans son élan, campée sur des positions, qu’elle savait dangereuses. La réunion du jour était un exemple parmi tant d’autres et l’arrivée de Leiv – bien que déplaisante – ne changerait rien à la donne. Silencieuse, quoi qu’un peu impatiente elle attendit, puis compta les secondes précédent la découverte de la silhouette massive dans l’embrasure de la porte. Autour d’elle, les connaissances jusque-là insensibles à ces considérations muettes, se turent immédiatement en voyant l’homme. Pour eux, la surprise était totale ; pour elle pas vraiment. Maintenant que les fiançailles auprès de sa chère sœur étaient consacrées, il allait et venait comme bon lui semble dans les parages avec cette assurance qu’ont les gens surs d’eux. Nombreuses avaient été les disputes à ce sujet et pourtant il était là, à les scruter de ces billes anthracites qui la mettaient mal à l’aise. De Leiv elle savait tout et rien à la fois. C’était d’abord un ami proche de son ainée, une figure sombre dans son sillon, sur qui nul n’avait misé pour devenir son futur mari. Ylva avait la dent dure à ce sujet et sa soumission au père était une réelle surprise, surtout pour sa cadette. Quant à ce que Anja pensait de Leiv, elle l’avait dit haut et fort, ne se cachant pas de ses opinions. « Ici. (Chaque lettre avait été outrageusement exagérée) Je te rappelle que je suis chez moi, et que tu n’es qu’un invité ou devrais-je dire un invité qui n’a pas daigné prévenir de son passage. » Les lèvres pincées elle le scruta intensément. Elle n’avait pas peur de lui, loin de là. Le sorcier était certes imposant mais la carrure n’était qu’un détail, c’était l’âme qui définissait une personne. Or la sienne lui semblait être des plus étranges ; entre noirceur poisseuse et rédemption fluette. L’interaction terminée sur cette histoire futile de livre à rendre, elle retourna à son groupe, contrariée. Dans l’incapacité absolue de se concentrer, elle les invita à prendre congés et suivit Leiv dans la bibliothèque.    

Elle referma aussitôt la porte derrière elle, conférant à l’espace naturellement exiguë une intimité singulière, presque électrique. D’ordinaire, leurs entrevues avaient toujours lieu en la compagnie de Ylva, car quelle raison pouvaient-ils bien avoir de se fréquenter autrement ? Aucune. La situation était donc inédite, pire encore, elle la prenait au dépourvu. « Au courant de ? » Insolente, elle ne broncha pas lorsqu’il se retourna pour la toiser, se contentant de relever le menton pour mieux deviner ses intentions. Une mèche noire barrait son front plissé et accentuait la cicatrice sur ses traits anguleux. « Je n’ai pas besoin d’un chaperon ni de ma sœur pour prendre soin de moi, je suis capable de me débrouiller seule. » Qu’elle rétorqua fièrement sans ciller en campant sur ses positions. S’il se mettait en tête de vouloir la protéger, il pouvait abandonner ses projets toute suite : elle ne le laisserait pas faire, ni lui ni Ylva d’ailleurs. Néanmoins elle doutait que cette dernière ait une seule once de sympathie à son égard, quand la plupart de leur quotidien consistait à s’ignorer avec une minutie redoublée. La haine commune du père était l’unique point commun qu’elles possédaient. « Comment peux-tu seulement savoir qu’il s’agit de mêlés ? À quoi peux-tu les distinguer de nous autres ? Cette conversation est tout bonnement stupide. » Malgré ses dires, Leiv avait vu juste sur les protagonistes qui devaient désormais s’être échappés pendant qu’ils se querellaient. Jetant un coup d’œil au livre posé sur la table en guise de sauf conduit, elle le prit entre ses mains, songeuse. « C’est elle qui te l’as donné ? Curieux car il est à moi, elle n’a jamais aimé les sœurs Bronté… (elle marqua une courte pause et reprit en le fixant de ses yeux clairs) J’aimerais que tu cesses de venir comme tu le fait en pensant que tu habites ici. Vous n’êtes pas encore mariés, et ce n’est pas ta demeure, cesse d’agir comme tel. » Se faisant, le visage s’était fermé, hermétique au monde extérieur mais à lui surtout, qu’elle tolérait par dépit à cause de l’union future entre leurs deux familles.
Revenir en haut Aller en bas
Leiv Mørk
kill the boy ; and let the man be born
Leiv Mørk


messages : 15
pseudo : élodie.
face & © : adam driver

statut : fiancé à l'ylva des jours innocents ; les regards s'attardent ailleurs

blinding lights Empty
MessageSujet: Re: blinding lights   blinding lights EmptyJeu 20 Fév - 20:33

Les visages lui étaient inconnus - si ce n’était celui, au regard audacieux et d’une pâle braise, qui trônait au centre de la pièce - mais tous, par les mots chuchotés, se faisaient l’écho des cris désespérés d’un frère piégé. Leiv se faisait le loup, accusant tout un chacun pour son sang - si ce n’est toi qui a tué mon frère, c’est donc le tien… Les visages se mélangeaient, et les flammes hurlaient en ses souvenirs ; mais seul transparaissait le froid éternel qu’il revêtait - héritage d’un exil en des terres de glace - alors qu’il fuyait au fond de l’appartement, la lionne propriétaire sur les talons.

Il reposa l’ouvrage emprunté sur l’office, avant d’entendre en son dos la porte se refermer ; cage close, contenant les deux fauves irrités. Une menace en son esprit s’alluma : c’est à Ylva que tu veux avoir à faire, fuis avant qu’il ne soit trop tard - mais déjà la colère déversait sur sa langue les reproches à la cadette. Elle lui répondit avec la même aigreur, lui tenant tête avec ferveur, malgré son mètre soixante deux, ses trois têtes de moins que lui. Petite, mais redoutable - s’il ne la craignait pas (encore), il respectait l’aura redoutable qu’elle dégageait. Le sourire joli se faisait trompeur ; et ce n’étaient non pas les bisous charmeurs qui s’en enfuyait, mais les palabres acerbes. Leiv, en l’observant, pensa à quelques vers moldus, appris il y a quelques années : look like the innocent flower, but be the serpent underneath it. Charmeuse. Terrible. Il la connaissait à peine, mais comprenait ici qu’elle n’était pas à sous-estimer ; quand bien même ses actions lui donner l’apparence d’une naïve enfant à réprimander - inviter des mêlés chez soi ! « Comment l’ai-je su ? Bon dieu, Anja, vous le criez sur tous les toits ! Il ne m’a fallu faire que deux pas avant de connaitre tous vos plans. Tu es insensée, si ton oncle l’apprenait ! » Il la toisait de toute sa hauteur, ne la lâchait pas du regard, aussi insolente se voulait-elle, il était d’autant plus revêche. L’histoire familiale l’impliquait dans cette rencontre anodine, et elle ne pouvait ignorer la tragédie Mork ; tout le monde était au courant dans le monde sorcier, de ce terrible incendie ayant rendu l’ombre défigurée qu’il était héritier. Ylva aux premières loges de son tourment, Anja ne pouvait rien ignorer de cette histoire. Cette provocation délibérée n’incendiait que d’autant plus son ichor d’une ire glaciale. Il en appela à l’oncle, fondateur des enfants de Voluspä, qu’il avait rejoint dans le secret de la confrérie ; mais une Hjermstad ne pouvait ignorer les ambitions de son sang. Leiv ne comprenait ses intentions ; pourquoi tant allait-elle à contre-courant des siens ?

Il détourna le regard, stoppant par là son étude de la brave, alors qu’elle le contourna, s’emparant du livre retourné. « Je n’ai pas cambriolé ton appartement, Anja, soupira-t-il, tu peux descendre de tes grands chevaux, je suis simplement venu rapporter un livre - mais il semble que tu n’avais pas remarqué sa disparition, peut-être devrai-je vraiment me faire voleur. » Il se rapprocha d’elle, prédateur vêtu de ténèbres étanches, comme une ombre se refermant sur elle ; il plongea son regard dans le sien lorsqu’elle le releva et planta ses pupilles orageuses dans les siennes. Ainsi restèrent-ils quelques fragments de temps, à se toiser, s’étudier, se jauger ; qui donc perdrait la joute à venir ? « Qu’est-ce que tu planifies ? Une manifestation, un incendie ? (il se recula) Sais-tu seulement de quoi ils sont capables… ? Ces gens ne sont pas comme nous, Anja, et ton oncle l’a bien compris ; tu devrais l’écouter, lui, plutôt que de les laisser entrer chez toi. Je doute qu’Ylva fasse preuve d’autant de clémence… » Encore et toujours les échos de la terrible nuit dont il fut le triste témoin, et les afflictions démesurées qui se collent à chaque visage différent du sien. Il secoua la tête, sa chevelure d’encre volant autour de son visage, comme un nuage de pétrole, reflet de ses pensées lugubres, de cette âme à jamais tâchée d’une mélancolie éternelle, de cette âme à jamais appartenant aux Ténèbres grandioses.
Revenir en haut Aller en bas
Anja Hjermstad
-- she waits, seething, blooming.
Anja Hjermstad


messages : 12
pseudo : chalamet's bitch.
face & © : florence pugh ; isleys.

statut : le coeur libre.

blinding lights Empty
MessageSujet: Re: blinding lights   blinding lights EmptyLun 2 Mar - 20:41

L’intrusion du sorcier, lui était désagréable ; elle rappelait la pluie fine et froide d’automne sur ses vêtements, capable de glisser sur la peau pour hérisser le poil. Intrépide, celle-ci courrait partout jusqu’à épuiser le tissu ainsi que les os. Toutefois, l’eau, en dépit de sa sensation exécrable, avait le mérite de sécher et de disparaitre. Il faudrait davantage qu’un feu pour faire fuir le malotru, maintenant que les secrets étaient révélés. Elle eut un soupir de frustration, agacé de le voir mis dans la confidence de choses qui ne le regardaient pas. Qu’allait-il en faire ? Qu’allait-il faire d’elle ? Fière, elle ne le quittait pas du regard, cherchant à percer le mystère des immenses obsidiennes. Dans leur reflet, elle se voyait gamine insupportable et naïve, folle de surcroit, pour avoir osé accueillir des étrangers chez elle. Là était précisément toute la subtilité : Anja était la maitresse des lieux. Par conséquent son invité n’avait nul droit de lui faire la morale ou d’aller et venir à sa guise quand on ne l’avait point convier. « Je ne l’ai pas crié sur tous les toits, tu as écouté aux portes. Te faut-il un prix pour récompenser ta grossièreté ? » Le ton se fit dur tandis qu’elle manifestait son mécontentement avec ardeur, les poings serrés le long de ses hanches. Copie conforme de sa défunte mère, à l’exception de son caractère ; pour cela, le père avait eu gain de cause. « Je me fiche bien de ce que mon oncle peut en penser. Un homme avec une telle étroitesse d’esprit ne m’intéresse pas. Il a suffisamment à faire avec son groupe d’imbéciles obtus pour venir s’occuper de sa nièce. » Les rapports familiaux étaient officiellement cordiaux, quand la réalité différait légèrement. Sous prétexte de suivre les règles ancestrales des Hjermastad, on se tirait dans les jambes à tout va puis on ployait docilement l’échine devant le saint des saints. De son côté, Anja avait pris des décisions. Pour l’heure, elles étaient silencieuses, simple murmures sur des lèvres audacieuses. Nul ne savait – ou nul n’avait su avant cette irruption soudaine de son futur beau-frère. Drôle d’ironie du sort, car à sa connaissance, ce dernier faisait probablement parti des suppôts de son oncle. Groupuscule de fanatiques stupides comme elle l’avait fait justement fait remarquer, ayant pour objectif d’annihiler les sangs mêlés sur la base de critères fallacieux. Si Thor les observait d’en haut, il devait rire le bougre. On était aux antipodes de son héritage, et de ses écrits maintes et maintes fois détournés. Qu’est-ce que Leiv pouvait leur trouver ? Était-ce l’influence de sa compagne obséquieuse ? Elle avait bien son idée sur le sujet.

Un sourire invisible glissa sur ses traits, tandis qu’elle contournait le malotru pour s’emparer du livre. Il lui fallait gagner du temps afin d’appréhender la suite des évènements. Ce que le géant allait faire de l’information glanée par surprise était crucial, or elle détestait que quelqu’un eut autant de pouvoir sur elle. S’il la dénonçait, ses alliés perdraient un atout dans leur manche… Quant à la punition qui l’attendait pour être allée contre-courant – elle s’y était préparée – mais cela ne la rendait pas moins douloureuse. Peut-être était-il d’ailleurs là pour ça. Un manque de vigilance l’eut trahi auprès des siens et voilà qu’on envoyait un visage connu pour la ramener dans le bon chemin. Mesure transitoire qui précèderait de quelconques sévices et privations à coup sûr. Elle les savait fort imaginatifs pour ce genre d’activités dont elle avait eu échos par des témoignages effrayants. D’un geste désabusé, elle jeta l’ouvrage sur la table. « Je ne crois pas que tu sois venu dans la simple optique de rendre ce livre. Voleur ? Tu es surement beaucoup de choses mais tu n’es pas un voleur. Pourquoi es-tu ici ? » Qu’elle répéta derechef alors que l’ombre revenait sur elle, menaçante et terriblement grande. Pourtant la fierté l’empêchait de bouger et ses traits restaient immobiles, insensibles à cette démonstration passive d’agressivité. Ils restèrent ainsi plusieurs secondes, voir minutes. Ils se défiaient et se jaugeaient, chacun découvrait une facette de l’autre jusque-là méconnue. De près la cicatrice prenait des couleurs inédites et indescriptibles. Il la trouvait probablement laide : elle la trouvait magnifique à l’instar de cette bouche qui se tordait d’un pli colérique. Anja eut un frisson inexplicable. Elle n’ignorait pas ce qui l’avait poussé à devenir cet homme, ni ne le jugeait : l’histoire était fameuse. Néanmoins la déception ceignait son front d’une virgule contrariée. « Ylva ? Que vient-elle faire dans cette discussion ? Je ne suis pas une enfant, je n’ai pas besoin de l’accord de ma sœur pour vaquer à mes occupations. » Rappel simple et efficace ; elle était une adulte, assumant pleinement ses choix. Qu’importe de ne pas rentrer dans les schémas, il y avait des torts à réparer dans cette situation. Apporter sa pierre à l’édifice était une obligation selon elle, qui plus est quand les fondements du rejet étaient infondés. « Tu n’as pas à savoir ce que nous planifions, quand bien même tu ne t’es pas gêné pour écouter, je ne te dirais rien de plus. Ces personnes sont comme nous, contrairement aux idées véhiculées par mon oncle. Dis-moi donc toi, quelle est hormis leur sang, ce qui les sépare de nous ? Donne-moi une seule raison. » La voix s’était élevée crescendo, et des mèches s’étaient échappées de son chignon. Elle n’en démordrait pas.
Revenir en haut Aller en bas
Leiv Mørk
kill the boy ; and let the man be born
Leiv Mørk


messages : 15
pseudo : élodie.
face & © : adam driver

statut : fiancé à l'ylva des jours innocents ; les regards s'attardent ailleurs

blinding lights Empty
MessageSujet: Re: blinding lights   blinding lights EmptyDim 29 Mar - 17:47

Ses yeux auraient pu arpenter la moindre des étagères qui encadraient la pièce, parcourir chacun des titres en lettres d’or, auraient même pu s’aventurer dans la paperasse de l’absente ; mais, par audace ou bien stupidité, s’étaient-ils laissés harponner par les billes d’argent de la sorcière. Elle lui tenait tête, aussi farouche que sa sœur était disciplinée ; et après avoir côtoyé pendant tant d’années le cœur de glace d’Ylva, Leiv se frottait à l’endocarde embrasé de sa cadette. En entrant, comme il l’avait fait tant de fois, dans ce douillet appartement de Goteborg, pensant calmement ramener à sa fiancée l’ouvrage prêté, il ne s’était point imaginé l’affront qui l’attendait. A présent, les loups se faisaient face, grognant à la gorge de l’autre, se jaugeant de cette allure bestiale qui précédait l’assaut fatal.

Il rit, lorsqu’elle lui proposa récompense pour son intrusion, d’un rire atrabilaire, nerveux. Le sort était rompu, et des rocs saillants de son regard pu-t-il sauter, rejoignant l’océan de connaissances qu’enfermait ce bureau. Du coin de l’œil, pourtant, il la voyait fulminer. L’enfant des terres sauvages du Nord, habitué aux calottes d’exil, avait le sang calme et froid : tel l’Ylva, il se faisait iceberg impassible – quand bien même, par moment, la voix se durcissait, s’emportait, enflammée par les sautes de l’adversaire. Il n’avait point l’habitude des éruptions volcaniques, terribles et rutilantes. D’elle, alors, il se détourna. Sa main se posa sur le bois clair de l’office abandonnée, et du meuble il fit le tour, laissant la benjamine l’accuser d’arrière-pensées. Non, il n’était point son père ; il ne jouait pas, ne dissimulait pas, mais parlait avec honnêteté, quand bien même cela n’était pas toujours quémandé. Il releva le regard alors qu’elle le contournait, s’emparait de l’ouvrage remis en question, le brandissant telle la preuve ultime de simagrées. « Pourquoi mentirai-je, Anja ? Penses-tu vraiment que ma vie est si insipide, que ma seule occupation serait d’inventer des excuses afin de te surveiller ? S’il te plait, j’ai d’autres choses à faire. Je suis simplement venu rendre ce livre à ta sœur, et voir par la même occasion ma fiancée. Malheureusement pour nous deux, elle est sortie. » A nouveau se faisaient-ils face, lupins concourant pour un même titre – celui de vainqueur. L’instant s’étira, et il décela en sa prunelle sombre l’esquisse d’un mouvement. Elle l’observait. Alors en fit-il de même, s’attardant sur ses traits tirés, sur lesquels il fit glisser avec lenteur son regard inquisiteur. Il remarqua les frémissements qui agitaient ses délicates narines, et la plissure sur son front causée par la colère, là, juste entre ses sourcils – qu’un pouce affable aurait pu effacer d’une caresse. Mais l’appel à la sœur, ce nom pourtant si doux à prononcer brisa avec amertume l’échange secret. Leiv quitta les limbes de la rêverie, fronçant à son tour le regard, et recula d’un pas – pour mettre de la distance, autant de distance que possible, entre lui et cette mine renfrognée, et ce front plissé, et la possibilité d’une caresse… « Peut-être devrais-tu, au vu de tes dites occupations… peut-être devrais-tu être mieux surveillée. » souffla-t-il, avant de reculer à nouveau, de détourner le regard, de s’enfuir, s’échapper, loin de cette flamme qui menaçait le mur de glace dont il était constitué. Un souffle à nouveau, alors qu’elle le poursuivait, lui tenait le mollet, refusait qu’il renonce. Un souffle, irrité, qui donna force à ses paroles. « Ils ne sont pas enfants des dieux, et ne sont parmi nous que pour répandre le chaos (se braqua soudainement vers elle, la voix contaminée par les braises de l’ire, grondant tel le roulis de l'orage) N’as-tu pas vu les dernières catastrophes ? Pourquoi, d’après toi, notre monde s’écroule-t-il depuis leur insertion parmi nous ? Par Merlin ! Anja, je pensais que tu avais plus de jugeote que ça ! Tu fonces tête baissée dans le plus grand des chaos, à quoi penses-tu enfin ? » Il s’agitait, appuyait ses paroles de grands gestes emphatiques. Sa chevelure sombre fouettait son visage, ses joues rougissaient. Elle l’énervait, l’irritait. Elle le contaminait de sa braise, de sa flamme. Elle était le danger, elle invitait les autres chez elle, l’accusait de ses maux. Elle n’était pas Ylva, elle n’aurait jamais dû se retrouver dans la même pièce que lui. Elle n’aurait jamais dû le tenter de son nez frémissant, de son front plissé, de ses yeux argentés. « Je connais la douleur de la perte d’un frère. Je ne veux pas qu’Ylva ait à connaitre la même chose, alors pour l’amour de ta sœur, cesse tes bêtises. »
Revenir en haut Aller en bas
Anja Hjermstad
-- she waits, seething, blooming.
Anja Hjermstad


messages : 12
pseudo : chalamet's bitch.
face & © : florence pugh ; isleys.

statut : le coeur libre.

blinding lights Empty
MessageSujet: Re: blinding lights   blinding lights EmptyJeu 16 Avr - 20:18

L’atmosphère était à présent glaciale dans la pièce, à tel point que des frissons s’étaient mis à perler dans le creux de son cou. Si l’ainée aimait les cols hauts ainsi que les excès de tissus épais, la cadette était fière de son corps et de ses formes arrondies, n’ayant crainte de les montrer. Machinalement elle se frotta les bras en guise de réconfort et pour se réchauffer. Cela ne changeait guère de l’ordinaire ; Anja détestait cet endroit insipide. C’était Ylva qui l’avait choisi il y a de ça plusieurs années, bien avant qu’elle ne la rejoigne par un coup du hasard. L’appartement était sombre, triste et impersonnel au possible. On eut dit un lieu de passage, plus qu’un lieu de vie, d’ailleurs, il était rare la trouver dans les parages. Elle préférait de loin l’institut ou les rues pavées de la ville, quand ce n’était pas l’odeur agréable des sapins qui la bordaient. En réalité, la propriétaire avait tout fait pour le rendre détestable et la sorcière, à défaut d’avoir moult solutions, s’en était contentée. Maintenant que Leiv était ici, l’espace en souffrait d’avantage, devenant presque exigu. Ylva et lui faisaient bien la paire, finalement. Elle avait eu tort de croire le contraire, de penser ne serait-ce qu’une seconde que leur entente était sinon factice, une farce ridicule. Le couple né était la mer houleuse indomptable, déterminée à asphyxier le feu solitaire trop volage et capricieux. Elle les détestait autant qu’elle les supposait la haïr ; au moins ils étaient quittes.  

L’absence de la sœur était suspecte, à l’instar de la présence masculine qui lui faisait face dans sa propre demeure. S’étaient-ils mis d’accord au préalable? Était-il là pour lui donner la punition qu’elle méritait pour avoir bravé les interdits ? Un soupir agacé s’échappa de ses lèvres roses pincées. Cette histoire de livre était un prétexte grossier dont elle se méfiait, tandis que la bataille verbale reprenait de plus belle entre eux, chacun fermement ancré sur ses positions. Elle ne le comprenait pas et le sentiment paraissait mutuel : on ne faisait que tourner en rond. Ils étaient différents à tous les égards, l’entente semblait impossible, le compromis dérisoire. Que faire ? Il savait désormais une partie de ses secrets, les plus dangereux de surcroit. Anja était coincée et obligée de l’interroger afin de connaitre ses desseins en la matière. Peut-être que devenir sa belle-sœur ferait pencher la balance en sa faveur, cependant les mois passaient et la cérémonie était sans cesse retardée. « Je ne te fais pas confiance. » La chose, dite de ce ton acerbe qu’elle ne réservait qu’aux gens dépréciés, était juste car Leiv restait un étranger à ses yeux. Ils se parlaient peu lorsqu’ils se croisaient, et le peu d’informations qu’elle possédait sur lui, venaient de son ainée ou de on-dit lacunaires. En d’autres termes : il avait une longueur d’avance et elle ne supportait pas être à la merci de son bon vouloir. Elle ne s’était pas débarrassée de son père pour qu’un nouvel homme vienne se targuer de la protéger contre son gré. Surtout quand cet homme se trouvait être le fiancé de Ylva, sa chère et tendre sœur.

L’instant s’étira, chacun affutant ses armes, dans l’expectative du prochain mouvement. Il l’observait désormais d’un regard noir curieux, regard qu’elle lui rendait, comme deux facettes d’une seule et même pièce. La mine renfrognée était cachée par une tignasse noire en pagaille et les lèvres s’étaient légèrement plissées en signe de désaccord. Leiv était impressionnant par sa taille ainsi que sa façon de se tenir cependant sa gestuelle se voulait être le contraire de ce qu’il affichait, plus douce, plus mesurée. Elle aimait ça chez lui, c’était le premier détail qu’elle eut remarqué quand on les avait présentés autrefois. Cela paraissait si loin à présent. S’ils s’étaient rapprochés par mégarde, on reprit une distance raisonnable pour poursuivre les hostilités. Les voix s’élevaient, concerto de rage et de rancœurs pour ceux qui défendaient fièrement leur point de vue. « Serait-ce des menaces ? » Elle ne cilla point, captant chaque détail de ce géant qui s’énervait, irrité par les vérités qu’elle confessait. C’était deux mondes qui s’opposaient, c’était lui contre elle. Anja s’avança, guère impressionnée par les mouvements obséquieux de son invité, à la colère poisseuse. Cette dernière était partout autour d’eux, à s’immiscer dans les plis de leurs vêtements, dans les rides des visages pour mourir sur le bout de la langue. « Et quelles preuves de tout cela ? Pourquoi les catastrophes seraient-elles liées à eux, quand notre monde s’écroule depuis toujours ? Leur présence n’a rien changé, si ce n’est donner un coupable à nos élites dirigeantes ou aux gens comme toi tellement embrigadés, qu’ils ne savent plus réfléchir par eux-mêmes. » Combien étaient-il à gober sottement les discours de leur gouvernement ? Leiv n’était pas un cas isolé, jour après jour la haine gonflait les rangs de ceux qui voulaient mettre un terme au pacte ancien. « Quand bien même ils seraient coupables, tous les tuer constitue un génocide. » La main serrée sur sa baguette, elle le toisait courageusement ; si de tels propos tombaient dans de mauvaises oreilles, c’était les pires sévices qu’elle encourait. La mort serait douce en comparaison de la torture interminable qu’on lui ferait subir pour arracher tous ses trésors cachés. « Tu ne me connais pas, je n’ai que faire de l’amour de ma sœur, tout comme elle se moque de moi. Nous n’avons jamais été proches et nous le serons jamais, notre lien de sang est la seule chose que nous partageons. Je me bats car je crois en mes convictions, et toi, pour qui te bats-tu ? » Qu’elle le défia dans un souffle, les joues rouges et les cheveux défaits par ces débats pugnaces. Ils n’étaient qu’à quelques centimètres, si proches que sa respiration chatouillait son cou.
Revenir en haut Aller en bas
Leiv Mørk
kill the boy ; and let the man be born
Leiv Mørk


messages : 15
pseudo : élodie.
face & © : adam driver

statut : fiancé à l'ylva des jours innocents ; les regards s'attardent ailleurs

blinding lights Empty
MessageSujet: Re: blinding lights   blinding lights EmptyJeu 30 Avr - 17:21

Linéarité exemplaire que suivait le fil de sa vie ; entre les phalanges squelettiques des déesses anciennes, coulait l’or précieux qui illustrait son existence. Il n’avait jamais dérogé aux règles, devenant l’enfant malléable entre les mains du Destin ; mais un accroc nouait les flavescentes fibres. L’ouvrage terminé. Ylva absente. Et le rouet divin s’échauffa, entremêlant par mégarde deux fils sensiblement parallèles.

Anja fulminait – le rose de ses joues virait au rouge, l’émeraude de son regard se carbonisait et brûlait ardemment contre lui. L’irritation tirait ses traits, émotion houleuse qui naissait directement de sa présence – il aurait dû en être rebuté, l’œil voilé par l’ire partagée, et pourtant. Il se refusait, inconsciemment, à cette répulsion : Anja n’avait jamais été aussi belle qu’animée par la colère, l’iris sombre et les lèvres rougies des palabres venimeuses, auréolée d’un halo sauvage d’or. La respiration lui pesait, et il n’aurait su dire si cela était dû aux affres tourmentées de son âme, ou à la réalisation nouvelle que la cadette dépassait l’Ylva glaciale en beauté.
Les flammes léchèrent les remparts de glace qui emprisonnaient (protégeaient) son caractère ; à nouveau, on l’appelait à se battre, à mordre avec hargne et dédain. Elle avait le don de l’enivrer d’une colère irascible, merveilleux talent dont elle pouvait se vanter être l’unique détentrice. Il soupira, chassa son venin d’une main lasse. Les lippes retroussées, il alternait entre statue de glace et cerbère infernal. Les joutes terribles étaient entrecoupées de silences tendus, durant lesquels les loups léchaient leurs blessures, se préparant au futur assaut ; en ces moments là, Leiv soufflait, le visage barré de cette chevelure qu’on ne parvenait à dompter, masse sombre qui s’alliait à la balafre rouge et aux traits irrités pour déformer le visage du sorcier. Pourquoi ne partait-il pas ? Pourquoi ne quittait-il pas le champ de bataille, laissant l’entêtée s’embourber dans ses erreurs sans se retourner ? Il se maudissait de camper ainsi sur ses positions, de perdre son temps à lui faire entendre raison ; mais les jades rondes se montraient trop fortes, aimants envoûtants qui se dardaient contre lui – il était impuissant, réduit sous leurs pouvoirs à n’être qu’une marionnette, aussi entêté que la sorcière qui le tenait. Déjà, elle déteignait sur lui, transformant l’ichor de son être en lave bouillante, faisant de son esprit une masse embrouillée. Pratiquait-elle la magie silencieuse ; quel sort avait-elle osé lui lancer ? Il la haïssait d’autant plus.

Le concerto repris. Les danseurs allant et venant, tels des aimants s’attirant et se repoussant ; incapables de s’éloigner, incapables de se séparer. « Des menaces ? répliqua-t-il aussitôt, Alors, vraiment, c’est comme ça que tu me vois ! Je ne suis pour toi qu’un grand méchant loup qui mettra à mal tes projets ! (il la dominait de plusieurs têtes, ombre létale sur penchant sur elle) C’est pour ta sœur que je m’inquiète, je n’ai que faire de tes compagnons – joue autant avec eux, rends-toi malade, Anja, je n’en ai que faire ! ; mais ne t’avises pas d’éclabousser Ylva avec ton scandale. » Il brandissait contre elle un index accusateur, tapant de sa phalange dressée la clavicule de la jeune femme ; contact électrifiant. Si l’esprit faiblissait, gelée incohérente sous l’effet des sortilèges silencieux, la voix, elle, redoublait de tessiture ; le timbre grondait, tel l’orage qui planait par-dessus eux. L’atmosphère était lourde, ponctuée par leurs cris et leurs outrages, roulis du tonnerre qui bientôt éclaterait. « Oh, tu as toujours réponse à tout ! » Il s’exaspérait, s’énervait, tuait ses propos par sa propre voix, plus forte, plus tonitruante ; les palabres s’entrechoquaient, on ne s’écoutait plus, on ne s’entendait plus : une seule vérité comptait à présent, la sienne. Il ne remarqua pas la baguette, seulement l’orage qui, autour d’eux, s’intensifiait. Instigateur et victime de cet ouragan. « Qu’est-ce que cela peut te faire ?! » hurla-t-il contre elle, la bouche tordue, les yeux ronds d’une colère qui le dépassait. Le cri tonitruant d’une météo capricieuse, et comme un déluge qui se serait abattu en même temps, vint le silence des après. L’atmosphère toujours tendue, pleine d’une électricité houleuse, crépitait entre eux ; ces êtres violents qui se défiaient du regard, emplis l’un comme l’autre d’arrogance et de colère. Plus aucun bruit ne vint troubler leur environnement, si ce n’était leurs respirations saccadées, lourdes – désynchronisées.

Le rouet se brisa, les fils d’or tombèrent, enchevêtrés. Confondus.

Il attrapa son coude, son bras, l’attrapa elle, ses lèvres – oh ses lèvres si délicates – qu’il embrassa, enlaça. Il fit d’elle son oxygène, l’air dont il avait besoin après une bataille si éprouvante, remonta sa main jusqu’à sa nuque, la plaqua contre ses premiers cheveux, il la tint contre lui, la priant de ne point se dérober, de le laisser avoir cet instant, ce baiser.

Au loin, la porte d’entrée s’ouvrit.
Revenir en haut Aller en bas
Anja Hjermstad
-- she waits, seething, blooming.
Anja Hjermstad


messages : 12
pseudo : chalamet's bitch.
face & © : florence pugh ; isleys.

statut : le coeur libre.

blinding lights Empty
MessageSujet: Re: blinding lights   blinding lights EmptyMar 26 Mai - 22:33

Tous deux au bord de l’implosion, leur fierté les empêchait d’abandonner le combat et les mots teintés de reproches filaient à tout va. À les voir se déchirer de la sorte et avec une telle hargne, on eut dit des amants ayant quelque querelle amoureuse. Pourtant, ils étaient des inconnus ou presque. Elle ne savait rien de lui ; il avait découvert ses secrets. Cette inégalité, la mettait hors d’elle, alors elle criait, partait à l’assaut pour faire plier ce géant. Néanmoins Leiv avait la patience de l’âge et il lui fallut du temps pour finalement céder à la colère. Anja ne se félicita point de cette victoire. Elle admira l’homme, qui, pour la première fois depuis qu’elle le connaissait, montrait sa véritable nature. Il n’était pas calme, encore moins suiveur comme elle avait pu le penser en le voyant prostré auprès de sa sœur : il était ouragan et elle fonçait au cœur de la tempête.

Un pas en avant et la baguette à s’en faire blanchir les phalanges, elle l’observait avec aigreur, guettant ses réactions tel un prédateur suivant sa proie. Elle avait besoin de savoir ce qu’il allait faire de ces informations. Ylva serait-elle mise au courant ? Faudrait-il fuir ailleurs ? L’équilibre était précaire, elle n’avait nulle part où aller, sinon à aller chez les moldus où elle avait une poignée d’amis. Elle redoutait cependant qu’on ne la suive et qu’on mette en péril la sécurité de ces familles innocentes… Anja était dans une impasse, aussi osa-t-elle le pousser davantage dans ses retranchements afin de deviner quelles seraient ses réactions une fois qu’il aurait quitté les lieux. La silhouette la rattrapa d’un mouvement rapide, l’enveloppant tout entier de son ombre noire poisseuse. Il était impressionnant mais elle ne cilla pas, rendant à son œillade incisive, une mine courroucée. « Mon scandale… » Le mot, ordurier à ses oreilles, roula sur sa langue avec un soupçon de sarcasme. Ylva n’en avait que faire d’elle, au mieux elle l’éliminerait pour se débarrasser du problème. N’était-ce pas là son rêve le plus cher ? La naissance de la cadette avait été vécu comme une trahison de la part du père, et, sur la dépouille de la défunte mère on avait festoyé. Leur cohabitation en ces murs n’était qu’un énième stratagème de plus dans leur relation factice. Leiv était la goutte d’eau venant alimenter sa rancœur amère. « Et toi tu ne sais pas de quoi tu parles. » Qu’elle rétorqua en resserrant ses doigts sur le bois ouvragé. Il suffisait d’une parole et d’un geste pour mettre un terme à ces échanges stériles mais elle ne bougeait pas, immobile, à l’exception de son menton redressé en signe de défi. La bête implosa dans un hurlement, son corps lourd, immense, pressé contre elle. Son visage s’était métamorphosé, donnant à la cicatrice, une nouvelle dimension, toujours aussi belle à ses yeux. Le trait fin s’étirait de la joue rougie, jusqu’à la bouche entrouverte. Délibérément elle fixa longuement la balafre (elle avait ouïe dire qu’il détestait qu’on le fixa ainsi), puis chercha les billes de charbons qui dardaient sur elle des éclairs obséquieux. Elle n’avait pas peur de lui, y compris à cet instant, quand le sorcier se faisait menaçant. Qu’importe leurs différences, il ne la blesserait pas. Comment pouvait-elle en être aussi sure ? C’était inexplicable, un pressentiment ou une pointe d’espoir à l’égard de son futur beau-frère.  

Les minutes s’étirèrent pendant que l’on reprenait son souffle, hâté par ces joutes verbales. Face à face, les êtres se toisèrent, comme on contemplait son reflet dans le miroir. Opposés en tout point et similaire à la fois.

Elle devina les élans qui étaient les siens avant que la distance ne s’efface entre eux. Peut-être était-ce là, ce qu’elle avait rejeté farouchement au préalable par crainte de se mettre à le désirer. Anja n’avait jamais pensé à lui de cette façon-là ou presque. Elle ne pensait que si peu à ces choses-là, malgré tout elle s’était laissée aller à la distraction en l’observant parfois à la dérobée. Une curiosité mal placée l’y avait probablement guidé mais qu’importe. Quand il brisa l’espace, ce fut comme une vague de soulagement qui déferlait sur elle. La découverte remplaça la surprise : elle ne se déroba pas.

De ses bras elle enlaça son cou et se hissa sur la pointe des pieds. Elle répondit à son baiser, au contact léger de leurs lèvres qui se rencontraient. Le mouvement s’accentua alors que ses doigts glissaient dans la cascade de boucles noires. Il était doux sous son toucher et le cœur accéléra sa course effrénée dans sa poitrine.

Le bruit de la porte au loin mis un terme aux effusions maladroites. Anja s’écarta aussitôt, les pommettes rousses et la moue tremblante. Avait-elle rêvé ? La confusion s’invita sur son visage alors qu’elle tâchait de reprendre contenance suite à cette incartade. Puis sans un mot elle quitta la pièce, sa main libre se refermant avec sévérité contre sa cuisse.

FIN.
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé





blinding lights Empty
MessageSujet: Re: blinding lights   blinding lights Empty

Revenir en haut Aller en bas
 
blinding lights
Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
antwail :: doomsday :: goteborg-
Sauter vers: