(hellllll bells)

Ténèbres. Tel un oiseau étendant ses ailes pour s’envoler, la cape sombre flottait dans son dos, inconstante. L’enfer s’ouvrait sous ses pas, alors qu’il marchait, l’oeil charbon; la mine sévère. Le courroux agitait son âme, et faisait battre le palpitant - que tous pensaient disparu - contre la prison de chair. Il étouffait, suffoquait de ces chaines invisibles qui bardaient la carcasse de mille et une règles impossibles.

Pourtant imperturbable, l’oeil buta étrangement sur une tâche lumineuse à sa droite. Il y avait là un homme, dont le visage était familier sans toutefois l’être réellement. Il s’arrêta, la conscience malmenée, perplexe. Qui était-il ? Il s’approcha, happé d’une curiosité soudaine.

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Il l’avait attendu toute la matinée. Le diable était - et ça l’amusait follement - routinier. Toujours le même chemin, toujours le même regard austère, la même tunique faite de ce voile dérobé aux constellations nébuleuses. Mais ce matin, il était persuadé, non, il était convaincu, de pouvoir attirer son attention. Etait-ce une intuition ? Non, la chose était plus pugnace, c’était une certitude voilà tout.

Le soleil était déjà bas dans le ciel, quand la sempiternelle torpeur qui entourait le maitre des catacombes, se fit ressentir. Il y avait d’abord cette chaleur horrible, à vous carboniser les os, et tout ces désirs, qui, brusquement revenaient à la surface. Des convoitises affichées à la vue de tous. Aux siens, afin qu’il puisse en user et s’en repaitre allègrement.

Or, le démon avançait justement dans sa direction. Il ne broncha pas, et l’observa en retour. Les azuréennes intriguées détaillèrent sans vergogne le visage émacié aux pourtours pointus, le pli délicat de la mâchoire et la bouche incendiaire. Il mourrait d’envie de glisser ses doigts dans les cheveux bouclés, qu’il devinait doux et soyeux.  

L’ange blond n’arrivait plus à détourner le regard, perdu dans ce fol tourbillon de vices et de luxure.   Il portait désormais en lui, le pêché originel. Etait-ce l’autre qui avait gravé dans son être, ce désir charnel ? Vouloir être possédé par le quidam obséquieux, faisait-il de lui un criminel ? Il soupira. Si Dieu existait, il fallait à tout prix qu’il le laisse gouter à pareils délices; juste une fois. Juste une fois, et il cesserait sa folle entreprise.

Les puits noirs le toisèrent, il se sentit défaillir. L’homme était ensorcelant, et bien qu’il fut resté silencieux, il lui semblait qu’il prononçait monts et merveilles dans le creux de son oreille. D’un mouvement souple, le maléfique l’invita à s’agenouiller d’une caresse tiède à l’épaule. Les doigts où d’innombrables bagues brillaient, effleurèrent sa joue avec une délicatesse qu’il n’aurait jamais soupçonné. Les paupières vacillèrent, mais il tint bon. Quel homme aurait décemment pu détourner son regard de ce monstre aux atours sublimes ? Le profane leva le bras, et de ses doigts suppliants, il s’agrippa à la robe. Le menton retomba sur le torse.

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De sa main il englobait la mâchoire de cet homme. Le pouce caressa les pommettes et traça les lignes gracieuses de son profil. Au fond de lui, une étincelle - infime brilla dans la pénombre.

Il le cueillit de ses griffes acérées, et se pencha pour effleurer les lèvres implorantes, des siennes. Les souffles se mélangèrent, avant que le vide ne soit comblé d’un baiser passionné.

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La vie, la mort. Tout était vain à présent qu’ils était réunis.